Ensemble de quatre modules architecturaux répartis sur l'ensemble du site Projet réalisé en collaboration avec l'atelier d'architecture nelobo 2013 N.B. Ce projet est en cours de réalisation. Des plantations ont été effectuées à l'automne 2013 sur trois des quatre dispositifs. Les photographies seront mises à jour au fil de l'évolution du projet. En 2010, J'ai vécu 6 mois à Kyoto dans le cadre d'une résidence à la Villa Kujoyama. C'est à cette occaion que j'ai fait la connaissance d'Olivier et Rozenn Boucheron, fondateurs de l'atelier d'architecture nelobo. Assez vite, nous nous sommes aperçus que les projets que nous développions sur place, bien que s'inscrivant dans nos champs respectifs, partageaient de nombreuses problématiques communes. De là est née l'idée d'explorer ensemble le territoire confus, mitoyen, qui s'étend à la frontière de l'art et de l'architecture. Le projet réalisé pour le lycée de Clisson et le premier jalon de cette collaboration. Les quatre dispositifs conçus pour le lycée de Clisson prennent pour point de départ l'idée que le lycée est le lieu d'un double apprentissage : non seulement celui des savoirs dont l'enseignement est sa vocation officielle mais aussi celui d'une infinité de vérités et d'intuitions qui ne s'apprennent que par l'expérience (apprentissage amoureux, apprentissage de la vie en société, de l'autonomie, de l'altérité, de la solidarité etc.). D'accord sur ce point avec les auteurs de romans d'apprentissage des 18e et 19e siècles, il nous semble que l'adolescence est avant tout le moment de l'apprentissage de la vie elle-même. Pour ces autres apprentissages aussi le lycée tient lieu de cadre privilégié mais c'est rarement dans la salle de classe que se nouent les intrigues qui distillent cet enseignement ; c'est généralement dans un coin de la cour, dans un couloir, dans une cage d'escalier. autant de lieux apparemment ingrats mais qui offrent, à défaut de mieux, les qualités voulues de tranquillité et d'intimité. Notre volonté a été de créer des lieux spécialement destinés à tous ces autres apprentissages. Il s'agissait en quelque sorte de prolonger le travail des architectes : de même qu'ils ont répondu au programme "officiel" du lycée en concevant salles de classe, bureaux de l'administration, réfectoire etc. nous avons cherché à répondre au mieux au cahier des charges du programme "officieux" en concevant un ensemble de dispositifs, ouverts quant à leur usage mais tous fonctionnels, propices à devenir des lieux à discuter, à s'isoler, à se faire des confidences etc. Ce projet prend la forme d'un ensemble de quatre éléments répartis sur l'ensemble du site (trois en extérieur, un en intérieur). Ils sont de dimension et de complexité variables mais aucun ne s'éloigne sensiblement de l'échelle du corps humain. Sans imposer un usage unique, chacun suggère un type particulier de comportement. Si certains appellent un usage plutôt grégaire, d'autres sont plus propices à l'isolement ou au tête à tête. Chacun est identifié par un nom renvoyant à un dispositif bien particulier : le Jardin, le Confident, le Speaker's Mound et la Grotte-Belvédère.Le Jardin Béton, verre, acier, terre cuite, rochers, feuilles d'or, rosiers 261 × 780 × 525 cm Ce premier module est une invitation à la contemplation ou à la méditation. Du dehors, c'est un bâtiment rectangulaire aux murs de béton nu. On y pénètre par un couloir qui fait office de piège à lumière et on débouche sur un espace dépouillé et sombre donnant sur un jardin à ciel ouvert planté de rosiers. Les deux espaces offrent un contraste esthétique maximal. Ils sont séparés l'un de l'autre par une longue paroi de verre. Ce dispositif transpose le principe du jardin zen, autre jardin «pour l'oil» qui ne se contemple qu'à distance. Comme lui, ce jardin voudrait être, plus qu'un objet esthétique, un lieu propice à la pensée. Mi-fermé, mi-ouvert, à la fois intérieur et paysager, ce module joue également sur le contraste du stable et du mouvant. Au hiératisme des rochers, réminiscence des jardins secs, répond la vie cyclique des végétaux et des insectes, le jeu du vent dans les feuillages, les reflets changeants du soleil à la surface d'un rocher d'or, et l'activité des oiseaux à l'attention desquels sont dressés deux nichoirs. Le Confident Bois, plâtre, laine minérale, tissu, verre 280 × 370 × 370 cm Alors que le précédent module occupait une surface assez importante et pouvait offrir un espace de réunion et de discussion, celui-ci, placé dans l'enceinte de la médiathèque, prend le parti de n'accueillir que deux personnes simultanément. C'est une petite cellule où l'on pénètre par un étroit couloir spiralé dont les paroies, moelleuses, sont capitonées. On avance de quelques pas et on parvient à un fauteuil double où deux sièges sont accolés en S, semblable à ce modèle un peu désuet auquel le dispositif emprunte son nom. L'espace confiné, la manière dont le capitonnage étouffe les sons et la lumière tamisée filtrant par trois petites ouvertures circulaires créent une atmosphère intime. C'est comme un sas où l'on s'isole, pour se ressourcer, pour lire, ou pour se parler en tête à tête, sur le ton de la confidence. Le Speaker's Mound Terre, acier, peinture de marquage, gazon 75 × 1149 × 548 cm En parfait contraste avec le précédent module qui offrait une bulle où s'isoler, celui-ci invite non seulement à échanger mais encore à débattre, à revendiquer, à s'affirmer. Il ne s'agit pas uniquement de s'adresser à un groupe restreint d'amis mais de parler à tous. Par sa forme, c'est le module le plus dépouillé. Rencontre improbable du Speaker's Corner (coin des orateurs) de Hyde Park et du Pitcher's mound (monticule du lanceur) des terrains de base ball, le Speaker's Mound permet à qui le désire de "prendre position" sur un petit tabouret métallique. Si aucun usage précis n'est imposé, cette position surélevée invite à se montrer, à s'affirmer, et à "lancer" quelque chose : balle, idée, plaisanterie, peu importe... La seule règle étant, précisément, de réinventer les règles du jeu. La Grotte-Belvédère Béton, acier, verre, fougères 609 × 936 × 673 cm Le quatrième module est le plus volumineux. Comme le jardin, il fait jouer entre eux deux espaces aux qualités antithétiques : Dans sa partie basse, c'est une cavité sombre, excavée sous la cour, que les marches menant à ses profondeurs transforment en un petit théâtre souterrain; au-dessus c'est un promontoire offrant une vue dégagée sur les vignobles environnants. D'un côté un espace clos, dépouillé, propice à l'introspection et à la discussion, de l'autre un espace aérien, lumineux, qui ouvre sur l'extérieur. Les deux dispositifs, l'un centripète, l'autre centrifuge, qui s'opposent et se complètent, communiquent par cinq oculi qui les unifient en une unique entité. Haut de la page |