Installation composée de 200 éléments environ et vidéo réalisée à partir de ces éléments, 2010-2011. Ce projet a été entrepris à Kyoto durant ma résidence à la Villa Kujoyama. Il trouve sa source dans des recherches que j'avais entreprises depuis plusieurs années mais il doit beaucoup, dans son développement et dans sa forme définitive à l'expérience de l'architecture, traditionnelle ou contemporaine, du Japon. C'est pourquoi il a pour titre un mot japonais signifiant approximativement «jardin» mais acceptant en réalité des acceptions bien plus nombreuses que son équivalent français, englobant aussi bien les jardins secs du bouddhisme zen que les aires urbaines aménagées par Isamu Noguchi. Il se présente sous la forme d'une installation composée d'environs 200 objets de petites dimensions que j'ai réalisés en utilisant divers matériaux (bois, plastique, brique, carton.) et qui figurent, de manière très stylisée, des arbres, des maisons, des ponts, des escaliers etc. Ces différents objets ne sont pas destinés à constituer une composition figée mais plutôt, à la manière des pions d'un jeu d'échecs, à être manipulés et associés les uns avec les autres selon des combinaisons toujours différentes. La composition des éléments peut se faire de plusieurs manières, soit de façon purement esthétique, soit en s'appuyant sur la charge symbolique des divers objets. Chaque pièce en effet, plus qu'elle ne représente un objet singulier, matérialise une fonction, un principale fondamental redessinant le champ de force dans lequel elle va prendre place. Certaines pièces induisent l'idée d'une limite (murs, palissades, barrières.), d'autres au contraire établissent des liaisons (ponts, escaliers, caillebotis.). Par leur mise en relation les unes avec les autres, ces pièces induisent encore une autre mise en tension de l'espace du «plateau», par des jeux d'oppositions entre le dedans et le dehors, le dessus et le dessous, le géométrique et l'organique, le sacré et le profane etc. A cette installation constituant une oeuvre ouverte s'ajoute une vidéo en animation image par image réalisée à partir de ces mêmes éléments. Au jeu de composition dans l'espace des différents objets s'ajoute une transformation dans le temps. La caméra est immobile mais le «jardin» qui se déploie devant elle est en perpétuelle transformation. C'est d'abord un jardin sec composé des 15 rochers répartis en 5 groupes, puis des formes géométriques font leur apparition qui se transforment eux-même, tantôt brusquement, tantôt imperceptiblement, en maisons, en temples ou en escaliers. Une palissade, séparant l'espace en deux parties égales dans sa profondeur, induit l'évolution indépendante des deux espaces ainsi isolés, jusqu'à ce qu'une brèche ou un pont ou une porte reliant à nouveaux les deux parties les fassent à nouveau évoluer conjointement et mélanger leurs caractères respectifs. Chaque pièce posée induit une redéfinition du champ de force qui implique une adaptation de l'ensemble de la composition qui évolue ainsi, un peu comme le ferait un organisme vivant. Cette vidéo donne à voir, si l'on veut, une «partie», jouée avec les 200 pions constitutifs de l'installation. Elle développe une dramaturgie où les seuls protagonistes sont les éléments concrets du décor. Mais ce n'est qu'une possibilité d'association, parmi une infinité d'autres possibles.Haut de la page |