Vidéo 12'10'', maquette de la ville d'Annecy réalisée à l'aide du matériel Mabille pour le test du village, deux vitrines de documents et une bande son. A travers plusieurs projets antérieurs, je m'étais intéressé à la question de la ville et plus précisément à la relation d'influence ou d'imprégnation réciproque qui se tisse entre l'habitant et son lieu de vie. La vidéo Bonneville était une mise en image de mes propres souvenirs de ma ville natale tandis que le projet Place Franz Liszt consistait en un travail d'enquête mené auprès des habitants d'un lieu parisien que j'appréhendais à distance, comme déformé ou réécrit au travers d'un ensemble de récits subjectifs. C'est pourquoi la découverte des psychologues et des psychanalystes dits «villagistes» m'a beaucoup intéressé. Ces psychologues, quoique par des voies et pour des visées différentes, ont, eux-aussi, développé un mode de lecture de l'espace urbain qui vise à ramener la question de la ville à des problématiques plus générales touchant à l'individu. Leur travail se base sur un test projectif appelé le test du village au cours duquel le sujet est invité à construire librement un village imaginaire au moyen d'un matériel standardisé, genre de jeu de construction figurant des maisons, des commerces, des arbres. La manière dont ces éléments sont agencés, l'ordre dans lequel ils sont mis en place, les zones qu'ils occupent sur le plateau, doivent permettre au psychologue de déceler les tendances psychologiques du sujet et les fêlures, plus ou moins dissimulées, de sa psyché. A travers le projet intitulé Le test du village, j'ai voulu reprendre, en les détournant, les outils de ce test projectif. Plutôt que d'appliquer les grilles de lectures mises au point par les psychologues à un village imaginaire comme cela est ordinairement le cas, j'ai voulu voir ce qu'elles pourraient nous apprendre sur la ville, bien réelle, d'Annecy. Mon postulat était que les générations d'architectes et d'urbanistes qui s'étaient succédés au fil des siècles avaient certainement investi dans ce chantier leurs désirs ou leurs appréhensions, tout comme l'enfant qui manipule le matériel Mabille pour construire son village imaginaire. Aidé par des psychologues, j'ai d'abord retranscrit l'histoire de la ville d'Annecy, du début du douzième siècle à nos jours, dans le «langage» du test du village après quoi j'ai fait rejouer le scénario de cette construction par un enfant, personnification des habitants et des bâtisseurs de la cité. Cette transcription est visible sous la forme d'une vidéo et de la maquette d'un village, réalisé au moyen du matériel Mabille et traduisant de manière schématique la configuration actuelle de la ville d'Annecy. Ce sont ces éléments que j'ai ensuite soumis à des psychologues et à des psychanalystes villagistes qui ont ainsi pu entreprendre l'analyse psychologique de la ville d'Annecy. Les schémas et les rapports ayant servi au dépouillement du test sont présentés dans des vitrines tandis qu'une bande son reprend, sous la forme d'un texte rejoué par une lectrice, la somme des interprétation proposées par les psychologues. A travers tous ces éléments, le projet du Test du village ajoute aux approches des historiens ou des urbanistes ordinairement convoquées pour raconter la ville celle, plus inusitée, des psychologues et des psychanalystes qui ouvre la lecture de l'espace urbain à des perspectives inédites.Haut de la page |