Caisses de transport, maquettes, caméras miniaturisées et écrans plasma. Black Box (Oval Office / Albi / Biennale / Fiac 2006 / Incipit / Cosmic), 45 X 34 X 31 cm Black Box (Studio / Fiac 2008 / Inauguration), 60 X 45 X 41 cm Série initiée en 2007 La série des Black boxes a été présentée pour la première fois en 2007, à l'occasion de la 9e Biennale de Lyon. L'une d'entre elles fait partie de la collection du Fonds National d'Art Contemporain (FNAC). La série des Black boxes a été initiée en 2007. Elle consiste en un ensemble de caisses de transport contenant les maquettes de diverses expositions auxquelles j'ai participé depuis l'été 2006. Les caisses étant closes, ces maquettes ne sont pas directement visibles, mais des caméras miniatures embarquées nous en restituent l'image. Chaque Black box peut être envisagée comme un dispositif cinématographique miniaturisé : la condensation d'un studio, d'une caméra et d'un décor. Le terme «black box» lui-même renvoie à deux références distinctes : le dispositif scénographique apparu dans les années 90 pour la présentation des films et des vidéos et l'appareil d'enregistrement embarqué à bord des avions. La première acception évoque l'idée d'un espace propre dévolu à l'oeuvre, espace qui d'une certaine manière l'isole, la coupe du lieu qui l'accueille. En ce sens, le dispositif présenté à la biennale de Lyon au sein d'une exposition voulue par Pierre Joseph comme une rétrospective fonctionne comme un cheval de Troie qui introduit, en abyme, une rétrospective dans la rétrospective. La Black box est un petit espace autonome, un microcosme, à l'image de la maquette qu'elle contient. Forme autosuffisante, à la fois oeuvre et espace de l'oeuvre, elle a aussi vocation au nomadisme comme l'indique le recours à la caisse de transport. La seconde acception rattache ce projet à d'autres plus anciens, comme la vidéo Bonneville ou le projet Place franz Liszt et relie les Black boxes aux thèmes de la mémoire, de l'enregistrement, du témoignage. Sous cet angle, leur principe rappelle une pratique ancienne : celle des tableaux de salons ou de collections en vogue aux 18e et 19e siècles. De la même manière que ces peintures témoignent des salons officiels, les Black boxes dressent, à travers l'évocation d'expositions aux modalités et aux vocations diverses, le portrait de notre époque. Là encore, il est question de mise en abyme, mais elle est cette fois-ci interne à l'oeuvre. Il y a pour ainsi dire un enchâssement : Des oeuvres antérieures, les miennes ou celles d'autres artistes, sont rejouées, réitérées. On pourrait dire reproduites, à condition d'entendre le mot dans son sens étymologique et non dans son sens usuel qui sous-entendrait l'idée d'une dégradation, d'un second degré par rapport à une forme première, seule authentique. Car ici les formes sont transcodées, adaptée à un nouveau paradigme, mais cette transformation n'altère pas leur nature. (Il est significatif d'ailleurs que l'un des exemples les plus célèbres des «tableaux de tableaux» précédemment évoqués soit l'oeuvre de Samuel Morse, inventeur éponyme du système de codage.) Le fait que ces formes ne soient visibles que par écrans interposés assure en dernier lieu l'équivalence entre la maquette et l'exposition originale. Ce jeu de réactivation est particulièrement sensible pour des pièces abordant les mêmes thématiques. La mise en abyme de l'installation Oval Office, construite elle-même sur un principe de dédoublement, de représentation et de simulacre, confine ainsi au larsen. Les Black boxes, à la manière des fétiches, fonctionnent en définitive sur un principe de correspondance plus que de représentation. En ce sens elles peuvent être rapprochées des Boîtes en valise de Marcel Duchamp. Réitérant des oeuvres souvent détruites à l'issue des expositions pour lesquelles elles avaient été créées mais subsistant en quelque sorte comme concepts, comme propositions qui font sens au sein d'un corpus d'oeuvres, elles fonctionnent comme des symboles qui permettent de convoquer ces significations et d'inventer entre elles de nouvelles articulations.Haut de la page |